Après 40 jours de manifestations en Iran, le reste du monde commence à en ressentir son effet et son puissant message. Pendant tout ce temps, 3 mots simples se sont répandus par tout le monde en cassant des barrières géographiques, barrières culturelles et, évidemment, les barrières de la langue.
Il n’importe pas quelle langue tu parles, tu as certainement écouté ces 3 mots :
Zan, Zendegi, Azadi ( زن, زندگی, آزادی ) en persan ; Jin, Jiyan, Azadî en Kurmanji, ou en Sorani nous avons ژن, ژیان, ئازادی qu'en français, nous comprenons comme la devise populaire : Femme, vie, liberté.
Mais ce slogan atteint d’autres langues. Si parles espagnol, tu as sûrement entendu : Mujer, vida, libertad. En anglais on utilise les mots : Woman, life, freedom. En Italie on peut voir la même pancarte qui contient les mots : Donna, vita, libertà.
En arabe nous avons لمرأة، الحياة، الحرية . En Israël, la communauté iranienne pour sa protestation ont utilisé אישה, חיים, חירות ; Les langues moins communes ont aussi leurs devises. La Communauté kurde au Pays Basque (Espagne) a utilisé : Emakumea, bizitza, askatasuna. En hongrois ils ont traduit comme Nő, élet, szabadság. En Suède on a préparé des pancartes en utilisant la devise Kvinna, liv, frihet. n Géorgie, les moyens de communication ont reflété cette phrase : ქალი, ცხოვრება, თავისუფლება (Kali, Tzkhovreba, Tavisupleba). Pour des raisons que je ne vais pas ici expliquer, les Ukrainiens se sont aussi intéressés dans ces protestations, et la manière dans laquelle ils ont traduit ces mots a été : Жінка, життя, свобода (Zhinka, Zhyttja, Svoboda).
Très peu de gens savent que ce slogan n’est pas nouveau. Il a été utilisé pendant plus de 20 années et est étroitement associé au Parti des Travailleurs du Kurdistan, aussi connu par ses sigles PKK (Partiya Karkerên Kurdistanê, ou پارتیکرێکارانیکوردستان ), une guérilla socialiste qui opère dans les régions kurdes de l'Iraq, en Iran, la Turquie et la Syrie. Mahsa Amini, dont le meurtre a déclenché les protestations iraniennes, elle-même était kurde et résidente d’une zone kurde.
À mon avis, pour la première fois que je rappelle, un slogan traduit dans différentes langues avait produit un tel impact. 3 mots simples, faciles de comprendre et de traduire, et maintenant propriété de ceux qui veulent être unis aux protestations iraniennes, n’importe pas leur origine ethnique ou nationale.
Selon moi, l’une des raisons pour lesquelles la traduction était remarquable est liée à l’utilisation de deux langues au début des manifestations : le persan et le kurde.
L’humanité sera confrontée à encore plus de défis. Nous verrons chaque fois plus l’utilisation de slogans simples qu'ils peuvent facilement être compris, non seulement pour attirer l'attention du reste du monde, mais pour les inviter à participer.
Le seul problème que je trouve, s’ils veulent que le reste du monde les écoute, c’est que beaucoup de vidéos et d’histoires d'Iran, ne sont pas traduites. Cela limite le public qui peut les comprendre et savoir ce qu’ils vivent. Même pour moi, qui parle persan, je me trouve souvent incapable de comprendre le contexte de certains d’entre eux. Mais les courageux iraniens ont été capables de gagner la sympathie du reste du monde.